2014(e)ko apirilaren 21(a), astelehena

2013ko Udaberriko elgarretaratzeak - Rencontres du printemps 2013


Le Collectif de chrétiens en Pays Basque « ATXIK BERRITUZ » [Tenir en (se) renouvelant] a été créé en novembre 2012, à la faveur de l'anniversaire de la Conférence d'Aiete, avec la volonté de s'engager dans le chemin ouvert par la Conférence et la décision historique de l'ETA d'abandonner la lutte armée.

Font partie de ce Collectif des associations ou groupes de travail déjà existant et à l’œuvre, tels que « Fedea eta Kultura », « Fededunak », le groupe de prêtres « Herriarekin », « Presoekin elkartasunez », le CMR (Chrétiens dans le Monde Rural), certains membres du « Groupe de dialogue inter-religieux » de Bayonne Sainte-Croix...

Dans notre document fondateur, nous disions « l'urgence d'initiatives à prendre pour manifester l'engagement de tous les croyants en faveur de la Paix au Pays Basque et leur volonté de rejoindre tous les efforts en cours dans la société civile. » Cet appel avait été signé par plus d'une centaine de personnes, parmi lesquelles Mgr Marc Aillet, et aussi Mgr Jacques Gaillot.

C'est dans cet esprit que nous avons pris l'initiative d'organiser trois rencontres. 

La première a eu lieu le jeudi 11 avril à la Maison Diocésaine de Bayonne. Elle a rassemblé environ 70 personnes. Nous avons visionné le documentaire « Fenêtres sur intérieur » dressant le portrait de cinq Basques emprisonnés pour des raisons liées à la problématique de leur pays. S'en est suivi un échange entre les participants. Certains ont fait part de situations familiales douloureuses, dues notamment à l'éloignement des prisonniers et à leurs conditions d'incarcération. La soirée s'est achevée par un temps de prière.

La deuxième soirée s'est déroulée le jeudi 16 mai, toujours à la Maison Diocésaine. Environ 80 personnes étaient présentes. L'objet de la soirée était de donner « la parole aux diverses victimes du conflit basque ». Après un brillant exposé de Magalie Besse (Directrice de l'Institut Universitaire Varenne) situant l'enjeu, les parents d'une jeune fille indirectement victime (11 ans à l'époque des faits en 1991 – non atteinte dans son intégrité physique) d'un attentat d'IPARRETARRAK avaient accepté d'apporter leur témoignage. La victime directement visée, présente dans la salle, a ensuite spontanément pris la parole en « se mettant à nu » et, s'adressant directement à d' anciens militants d'IK présents aussi dans la salle, leur a fait la proposition d'une rencontre directe et personnelle. Deux anciens d'IK présents ont aussi spontanément pris la parole. Je pense pouvoir dire que l'ensemble des personnes présentes a été extrêmement touché par l'émotion et l'intensité de ces témoignages et échanges, par ailleurs très respectueux. Ces intervenants se sont félicités d'avoir eu l'opportunité de s'exprimer sur ces faits qui restent inscrits en eux. Enfin, l'avocate Maritxu Paulus Basurco (ayant excusé l'absence d'une victime de tortures retenue par des obligations familiales qui devait s'exprimer) a fait part, en s'appuyant sur plusieurs exemples concrets, de la souffrance des prisonniers et de leurs familles.
Une troisième rencontre est programmée pour le dimanche 10 novembre à Belloc à 15h30 en deux parties : chants, poèmes sur la Paix, intervention de Mgr Uriarte (évêque émérite de Saint-Sébastien), puis vêpres chantées en basque.

L'objet de ces rencontres n'est pas, bien entendu, de chercher les responsabilités, de savoir qui a tort ou qui a raison. L'objet de ces soirées est, avant tout, de créer des lieux à la fois d'expression et d'écoute de la souffrance. De toutes les souffrances, sans aucune exclusion, à partir du moment où elles sont la conséquence d'une violation des droits de la personne humaine. Et ici nous incluons toutes les victimes, comme nous le disions dans notre document-fondateur : « les victimes de la violence armée de l'ETA, d'IPARRETARRAK, des groupes para-policiers et de ce qu'il faudrait appeler le terrorisme d’État. » Et ceci dans le but non pas de « faire dans la victimisation », mais, à l'inverse, d'aider les victimes à dépasser le stade de la victimisation, les aider à prendre conscience que leur vie vaut mieux que la souffrance et les aider à se réapproprier ainsi la souveraineté de leur propre personne.
L'objectif de ces rencontres, en fin de compte, est de faire que la communauté chrétienne apporte sa contribution spécifique au processus de Paix qui est en cours. Elle est dans son rôle lorsqu'elle crée des lieux de parole, d'écoute et d'échanges, et qu'elle mobilise en son sein un auditoire à la fois accueillant, bienveillant et compatissant. Les plaies ouvertes par le conflit armé sont à vif : il convient de les traiter et de les soigner avec une extrême délicatesse et une extrême attention. La première démarche dans ce sens est sans doute de changer notre regard : c'est ce que nous appelons dans notre jargon la conversion.
Il s'agit tout d'abord, de regarder le passé (le passé récent) avec un autre regard. Ce qui doit conduire non seulement à établir que peuvent exister divers points de vue, mais aussi à initier une autocritique de ce passé. Il nous faut, en outre, construire un nouveau « présent ». Et quel est le fondement de ce nouveau présent ? Mgr J.M. Uriarte répond de la manière suivante : « Une décision ferme : « nous ne reproduirons plus ce qui s'est passé ; nous ne bafouerons ou ne violerons les droits d'aucune personne ». Pour que ce présent nouveau porte ses fruits, il faut aussi préparer le « futur », c'est à dire prendre toutes les mesures nécessaires pour éviter que le passé ne se reproduise. Ces mesures, pour une grande part, relèvent des responsables politiques, des divers partis et des médias, avec l'aval et l'exhortation de la population.
Il nous faut ensuite changer notre regard sur l'autre :
- en tenant l'autre (l'ancien ennemi) pour son égal ;
- en reconnaissant volontiers que l'autre est différent,
- et, enfin, en reconnaissant que les droits de la personne humaine sont inviolables.

En conclusion, l'enjeu (ou le défi) est de créer un nouveau vivre-ensemble. Nous savons que la route sera longue et semée d’embûches. Mais il nous faut y croire envers et contre tout, sachant qu'il n'y a pas d'autre alternative. En même temps, nous devons être convaincus que nous vivons et sommes appelés à vivre une période historique. Il nous faut impérativement prendre part à cette construction avec enthousiasme et courage.




iruzkinik ez:

Argitaratu iruzkina